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Goncourt 1903

Force ennemie
John-Antoine Nau
Editions de la Plume, 1903 Editions Max Milo, 2012 

Le jour,

 Il fait frisquet en cette soirée du lundi 21 décembre 1903, quand neuf hommes prennent le chemin de la place de la Bourse et franchissent le seuil du restaurant Champeaux. Ils ont pour noms : Joris-Karl Huysmans, Octave Mirbeau (‘Le journal d’une femme de chambre’, 1900), Gustave Geffroy (ami de Monet et de Clémenceau), J.H Rosny Aîné, Léon Hennique (Président de l’Académie, de 1907 à 1912), Elémir Bourges, Léon Daudet (fils d’Alphonse Daudet, exécuteur testamentaire d’Edmond de Goncourt), Paul Marguerite, Lucien Descaves.


Ces neuf hommes, plus J.H Rosny jeune (absent), constituent l’Académie Goncourt et décernent ce soir-là leur premier prix à John-Antoine Nau pour son roman : Force ennemie’ par six voix contre trois  à Camille Mauclair.
 

Joris-Karl Huysmans adresse aussitôt une lettre au lauréat accompagné des neuf signatures pour lui communiquer le résultat du scrutin et l’engager à se présenter au 11 rue des Pyramides, chez monsieur Bosny, notaire, qui lui remettra la somme de 5000 francs or 1903, soit l’équivalent de 25.000 euros 2014.

 

Le Goncourt,

Philippe Veuly se réveille un matin dans l’asile que dirige le docteur Froin à Vassetot. Est-il fou ? Quelques jours plus tôt, son cousin Elzéar Roffieux l’a fait interner afin de l’écarter de sa femme, Raoula Roffieux, née Fromage, fille d’un marchand d’engrais « gentiment millionnaire. »
A deux pas de son lit, il découvre Léonard, son gardien attitré. Un bon gars, un brin dyslexique, qui lui signale : « Si « Monsieur » veut « kekchose », je vais «  vous » le « sercher ».
Sous la conduite de Léonard, Philippe Veuly visite l’univers hallucinant de l’asile de Vassetot. 

Certains aliénés ont formé un club de gentlemen bien pensants. Ainsi l’ex-docteur Magne, clair avec lui-même, « Il est certain que le fonctionnement de nos cerveaux n’est pas tout à fait normal. » C’est un érudit d’une politesse exquise, qui porte sur le monde un regard compassionnel, même si subsistent quelques disparités entre lui et son cercle d’amis.
Oh, Oh ! Léonard et Veuly, croisent l’incurable Jean Jouillon, un «prophète – saltimbanque – fruitier – ambulant – camelot» qui galope à travers la cour de l’asile en hurlant des « j’suis Mac-Mahon, Bolivar, Garibaldi ».
Attention au passage sous les arbres ! Des grappes de déments y sont perchées et dépouillent les branches de leurs feuilles pour faire pleuvoir.
Soyez également prudent, si vous rencontrez l’adjoint de Froin, le schizophrène docteur Bid’homme, dont les infirmières « crèvent de coliques quant elles le voient. »
Et voilà la fin de la tournée. Veuly et Léonard sont face au bâtiment des femmes.

A l’appui d’une fenêtre, la belle internée Irène Letellier aux « yeux comme on n’en voit pas même chez les plus belles mulâtresses des Antilles » fait du gringue à Veuly.
Plus rapide que l’éclair, en un serment débile de haute tenue verbale, les deux aliénés se « déclarent » amoureux l’un de l’autre. 

Intéressons-nous d’un peu plus près à Philippe Veuly ! Est-il un interné ordinaire ? Un marginal ? En tout cas, son humeur cyclothymique lui joue de vilains tours…
D’apparence calme et tempérée, le voilà soudain en proie à d’inopinées crises de délire. Il n’est plus maître de lui-même et se croit habité par une force ennemie :
« Je suis sûr que me hante un être affreusement hostile, un être cruel qui s’est installé en moi, un être effrayant qui me torture pour me forcer à beugler, à me contorsionner comme un possédé… »
A travers sa confusion mentale, il finit par identifier cette force ennemie. Elle a pour nom Kmôhoun, un être désincarné qui vient de Tkoutra, une planète supérieure.
Et cet envahisseur a trouvé sur la Terre un corps où se loger : celui de Philippe Veuly.
Kmôhoun raconte à son bailleur l’enfer de sa planète, un « astre de boue sanglante » où les Tkoukriens ne vivent que du meurtre de leurs semblables.
On retrouve, une fois n’est pas coutume, le thème de la dualité de l’esprit humain. Kmôhoun est le double tyrannique de Veuly et le contraint, dans un accès de démence éthylique, à violer Irène dans le pavillon des femmes.
La belle démente est aussitôt retirée de l’asile par son mari.
Veuly est mis au cachot et torturé par Bid’homme.
Peu après, il s’évade de l’asile de Vasselot et court jusqu’au bout du monde à la recherche de « sa petite princesse » qu’il aime et vénère par-dessus tout. 

Il faut souligner à travers ce premier prix Goncourt l’audace verbale de John Antoine Nau. Les inventions langagières, au lyrisme violent, sont parfois inouïes. Ainsi, la dyslexie de la cousine Raoula pour lequel Veuly a été interné, bouleverse la phonétique. Elle prononce les voyelles avec une tonalité grave, les change en « a » ouvert suivit de « h » aspiré. Elle chasse le « s » et la consonne dure. 

Elle dit à Veuly  pour s’excuser de son internement:
« Vâhs ne sâhriaz croâhre, mon châhr câhsin, à qual poant j’ah été dâhhsolée de vâhs savoâhr dans ce rêpêtable mâhs funâhbre établassemâh dâh Dâhtâhr Froan ! »
Ce qui est sensé dire :
« Vous ne sauriez croire, mon cher cousin, à quel point j’ai été désolée de vous savoir dans ce respectable mais funèbre établissement du docteur Froin !
Les accrocs à la langue sont permanents. Les mots sont griffés, tordus, réduits à un dialecte. 
Mort à Crédit, Voyage au bout de la nuit sont déjà là, en germe.Avec ce livre, conçu en 1896 et achevé en 1902, le visionnaire John-Antoine Nau interpelle sa conscience, tout en interpellant celle du monde des hommes.

Qui suis-je donc au fond nous dit Force ennemie? Un être normal ? Un être anormal ? Où se trouve la frontière entre les deux? 

Ce premier lauréat du prix Goncourt fustige avec véhémence le milieu hospitalier psychiatrique de son époque, chargé de redresser les récalcitrants. 

A l’aide d’une prose à la fois noire et cocasse, John-Antoine Nau nous régale avec les tribulations de Philippe Veuly, un personnage atypique à la fois  mi- fou, mi- raisonnant. 

 

 Extrait du livre : 

(Léonard fait visiter l’asile à Philippe Veuly) 

Non ! Mais regardez-moi cette cour, bougonne mon gardien. Avez-vous vu quelque chose de plus sale et de plus piant ?... Ah ça ! seriez-vous… malade » de nouveau ?
Non ,non ! Ce n’est rien Léonard, c’est déjà passé.
- A la bonne heure ! Vous aviez l’air tout drôle… Mais regardez-moi ce fumier !
L’ex-fiancé de la jeune personne de Clichy-Levallois exagère un peu. Cette très petite cour est tout simplement jonchée de feuilles qu’une demi-douzaine de « malades » très agiles, grimpés dans les arbres déjà passablement dépouillés par leurs soins, arrachent et font pleuvoir avec assiduité.
Quelques gardiens les admonestent pour la forme. Ils semblent plutôt amusés et, entre deux sommations, se communiquent leurs remarques, un rien sportives, au sujet de la performance.
Tiens, »guette » donc, François ! V’là Anquetil qui gagne encore   d’une branche. ‘Y en a pas un autre qui sera aussi leuger, il est en forme, le sale bougre !
-  J’dis pas, mais Dumoreau s’tient plus solide. Il est de fond.
-  Et Pageot, donc ! Et il est sargé, handicarpé, comme on dit ; il en a un, de pétard !
-  ‘llons bon ! V’là Paillard qui va casser la goule. ‘Y en a assez cette fois ! En bas l’monde ! J’vas appeler un de ces « Messieurs-Médecins » ou le «  Gordien-chèfre ! »
Descendez, tas d’enfants de guenons ! Tu sais m’fais pas monter, Chanteburne, ou ça s’rait un malheur pour  !
-  C’t’égal, r’muche-moi Beuzeboc ! C’est un rigolo,çui-là ; c’est-y pas qu’y tient la corde, à présent… Battu, Anquetil ! C’est comme le coup de bai cerise, l’aut’jour, à Dieppe, sur la prodrome*
V’lez-vous-t-y vous glisser de là-haut, nom d’un fou…dre !
V’là l’docteur Bid’homme !
 Ah ! Du coup les grimpeurs dégringolent à qui mieux mieux de leurs branches. C’est le gardien François qui a eu la géniale ou la malencontreuse idée de parler du croquemitaine local.

* l’hippodrome.  

 

John-Antoine NAU par Matisse

L’ANNEE 1903 

 

Bref condensé des actualités géo-politiques  

Du côté du monde,  

A l’aube de l’année 1903, le monde avance – fonce pourrait-on presque s’autoriser à dire ! – dans un large mouvement, généré par le développement industriel et de surprenantes découvertes.
Au congrès international de médecine de Madrid, un jeune médecin russe, un certain Ivan Pavlov annonce la couleur. Il expose ses travaux et en particulier, ce « réflexe conditionné » qu’il a observé chez les canidés… réflexe, ne manquera-t-il pas d’argumenter, tout à fait assimilable à la physiologie humaine et que l’on intégrera bientôt sous l’universelle désignation de « réflexe de Pavlov. »
En tout début de printemps 1903, le 29 mars pour être précis, le président des Etats-Unis, Théodore Roosevelt inaugure la première « liaison TSF » entre Londres et New-York.
Voilà donc lancé – à quelques décades de l’Internet - le premier mode de communication universel, entre le nouveau monde et l’ancien, par le biais d’un câble sous-marin transatlantique.
Ce fabuleux progrès technologique, on le doit à l’inventif et créateur italien Guglielmo Marconi, récompensé en 1909 par le prix Nobel de physique.
Prodigue d’une formidable soif de découvertes, l’année 1903 ne peut s’abstraire de troubles sociaux et géo-politiques ici et là.
Ainsi en Russie, a lieu le pogrom de Kichinev entre le 6 et 8 avril 1903. Quarante-neuf Juifs sont massacrés avec la complicité des autorités locales. Deux mille familles juives perdent leurs foyers.
Le 16 juin, à Détroit, Henry Ford fonde la Ford Motor Company. Dès la fin juillet, à la cadence des premières séquences de travail chronométrées, sortent à la chaîne, les premières voitures.
En fin d’année, toujours aux Etats-Unis, deux frères un peu farfelus, Orville et Wilbur Wright réalisent le premier vol en aéroplane… Dans les dunes de Virginie, après bien des réglages, leur appareil, un biplan avec deux ailes parallèles, s’élève de quelques mètres à la vitesse de 48 kilomètres/heure.
Dans le monde chrétien, Léon XIII, pape libéral à l’origine de la dissolution des Etats Pontificaux, s’éteint à l’âge de 93 ans. 

Du côté de l’hexagone  

Sur des territoires proches ou lointains, la France cherche à développer son espace colonial. Ainsi, en Algérie et au Maroc, ont lieu de sanglantes batailles dans le cadre des conquêtes.
En juillet 1903, le journal l’Equipe innove et crée une course sportive de grande envergure “Le Tour de France”. La plus grande course cycliste jamais réalisée. Avec ses étapes de routes pavées ou ses grands cols alpins et pyrénéens. Ses dépassements humains.
On est là dans une véritable géographie homérique.
Soixante coureurs prennent le départ de la première épreuve à Montgeron, dans l’Essonne. Vingt seulement franchiront la ligne d’arrivée au Parc des Princes. Le vainqueur de ce premier tour sera le Français Maurice Garin.
Le 10 août, dans le métropolitain, un court-circuit provoque un incendie sur la ligne Porte-Dauphine Nation. Piégés par le feu sur le quai de la station Couronnes, 84 passagers vont trouver la mort.  

 1903 voit la construction de nombreux immeubles dits « Haussmanniens » par de brillants architectes, entrepreneurs et sculpteurs à Paris, Bordeaux, Nantes, Lyon…
Avec son empire, s’étendant sur trois continents et tous les océans, la France est en cette année, la deuxième puissance économique et mondiale, malgré la montée en puissance du Japon et des Etats-Unis.  

L’Académie Française, créée sous Louis XIV et Colbert, a déjà trois siècles.
L’Académie Goncourt vient de naître.
Avec Flaubert, Baudelaire, Rimbaud, Voltaire, Rousseau, Zola, Balzac et Victor Hugo… les lettres et la littérature française rayonnent de par le monde.  

Bref condensé des actualités littéraires et artistiques  

Quelle belle année créative !
Le monde des choses et des idées font bon ménage. Cela permet d’un côté les raisonnements, et de l’autre, l’expression d’une créativité dans le monde des Arts, des lettres, de la musique et du théâtre.
Ainsi, ce dosage suffisamment équilibré permet de dresser l’inventaire ci-après :  

Du côté de l’hexagone,  

Un enjouement traverse le monde des Lettres parisien. A trente-quatre ans, André Gide publie ‘l’Immoraliste’. L’année précédente, il a fait paraître Paludes et Les nourritures terrestres.
Colette Willy publie Claudine s’en va, Romain Rolland Jean-Christophe, Apollinaire “La chanson du mal-aimé”, tandis que Jules Verne publie “Bourses de voyage”.
Inspiré par le lac et les nénuphars de sa maison de Giverny, Claude Monnet peint « Les Nymphéas », huit tableaux aujourd’hui exposés au musée de l’Orangerie.
Pablo Picasso se fixe à Paris. Ses premières grandes œuvres voient le jour,  Buveuse d’absinthe et La mère et l’enfant.  

 Parmi les grands musiciens, Claude Debussy (1862-1918) crée des Jardins sous la pluie et Maurice Ravel (1875-1937) écrit la partition de Shéhérazade.
Le 20 avril, du côté du théâtre est créée la célèbre pièce d’Octave Mirbeau, Les affaires sont les affaires. Le 23 septembre Le Miracle de saint Antoine de Maurice Maeterlinck est créé à Bruxelles.  

A Atuona, aux Iles Marquises, meurt le 8 mai le grand peintre Paul Gauguin, chef de la fameuse école de Pont-Aven.
Ce même 8 mai, vient au monde Fernand Joseph Désiré Contandin, qui ne sait pas encore qu’il deviendra un célèbre acteur comique et chanteur sous le nom de ‘Fernandel’.
Marguerite Yourcenar naît à Bruxelles, le 8 juin 1903, sous le nom de Marguerite Cleerewerck de Crayencour.
Soixante-dix sept ans plus tard, elle sera la première femme élue à l’Académie Française.
Camille Pissarro, le célèbre impressionniste « peintre de Pontoise » s’éteint à Paris à l’âge de 73ans. Il laissera 5 enfants et une œuvre foisonnante.
Naissent aussi cette année-là, les écrivains Raymond Queneau et Georges Simenon, ainsi que le philosophe et musicologue Vladimir Jankélévitch.  

Du côté du monde,  

Le Norvégien Bjornstjerne Bjornson, récompensé pour l’ensemble de son œuvre, devient lauréat du prix Nobel de littérature.
En Inde britannique, à Motihari, voit le jour Eric Arthur Blair qui deviendra le célèbre George Orwell pour son célèbre best-seller ‘1984’.
Aux Etats-Unis, Jack London publie L’appel de la forêt et William Edward  Bugardt Du Bois Les âmes du peuple noir, un recueil d’essais sur le problème de la ligne de partage des couleurs.
Du côté de la Russie, Gorki publie Les bas-fonds etAnton Tchekhov sa dernière nouvelle, La Fiancée.

 

 

 

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Force ennemie

 

L’auteur, 

 John-Antoine Nau, pseudonyme de Eugène Torquet, est âgé de 43 ans, lorsqu’il devient lauréat du premier prix Goncourt.
Il est né à San-Francisco le 19 novembre 1860 de parents Français, émigrés en Californie. Ses aïeuls sont des marins voyageurs d’Honfleur et du Havre.
Sa mère, après le décès fulgurant de son mari Paul, rentre au Havre dans sa famille en 1867. Eugène est alors scolarisé au lycée Impérial de la ville, dont il sort en 1879 avec le grade de bachelier.  

D’un tempérament rebelle, c’est une vie itinérante qu’il se choisit après des échecs pour des emplois de bureau.
Navigateur, poète, qualifié « d’ours timide », John-Antoine Nau n’aime ni les discours, ni la grandiloquence. En 1881, pilotin sur un trois-mâts, une terrible tempête le fait renoncer au métier de marin. De nature instable, il finit par s’installer à Asnières-en-Bessin où il se marie avec Henriette Dieudonné en 1885.
Voyage de noces en Martinique, puis le couple va et vient de Rouen aux Antilles, en passant par les îles Canaries, Saint-Tropez ou encore le Portugal.
D’escale en escale, John-Antoine Nau rédige des chroniques pour la Revue Blanche, La Plume, La Phalange, Les écrits pour l’Art.
 En 1897, il publie  à compte d’auteur un recueil de poésie Au seuil de l’espoir.

Il a pour ami le poète Jean Royère à qui il confie dans une de ses lettres :
« On ne devrait pas habiter, on passe… Vraiment, il n’y a rien d’aussi humiliant, d’aussi moulard, d’aussi coquillagesque, que d’avoir un domicile fixe. Ça me dégoûte ! »
Jean Royère publiera à titre posthume avec l’aide d’Henriette de nombreux écrits inédits en vers et en prose.
Il entretient une relation épistolaire avec Lucien Descaves (un des jurés du Prix Goncourt). En diverses occasions, il rencontrera Apollinaire.
C’est à compte d’auteur que paraît en février 1903 Force ennemie sous la couverture jaune des Editions de la Plume. Et c’est un quasi inconnu que va couronner le premier jury Goncourt le 21 décembre 1903.
En 1917, John-Antoine Nau s’installe à Tréboul, Finistère, où il meurt le 17 mars 1918.

John Antoine Nau

La première Académie Goncourt

En l'absence de Rosny jeune qui avait transmis son vote à J.-K. Huysmans, la première Académie Goncourt se réunit le lundi 21 décembre 1903 pour remettre son prix. Le vote a lieu au restaurant Champeaux, place de la Bourse. John-Antoine Nau pour son roman Force ennemie (Editions de la Plume) l'emporte au 2e tour, par 6 voix contre 3 à Camille Mauclair (Ville lumière) et 1 à Jean Vignaud (Les Amis du peuple). Ancien navigateur né à San Francisco, le lauréat est d'abord un poète qui habite Saint-Tropez. Le héros de Force ennemie est un dément qui se dédouble et prête à son adversaire intime les traits d'un être fantastique. John-Antoine Nau recevra une lettre signée des neufs académiciens présents qui lui demandent de se présenter chez Me Boissy, notaire, chargé de lui remettre une somme de 5000 francs.

Les trois journalistes qui s'étaient déplacés, furent informés par la caissière du restaurant que le «prix des Goncourt» venait d'être attribué. Un tiers de colonne dans Le Figaro sera consacré à l'événement qui n'apporta qu'une mince notoriété à l'auteur. Quelques jours plus tard il n'était plus qu'un illustre inconnu. Il faudra attendre l'année suivante, avec le deuxième prix, décerné à La Maternelle, de Léon Frapié, pour que le Goncourt ait un certain retentissement. Dispersés, sans «siège social», sans «Grenier» commun, mais se réunissant pour choisir le meilleur livre de l'année, les premiers des Dix ne s'aperçurent qu'à la longue de leur importance et de leur utilité.

 FORCE ENNEMIE BNE EDITIONS

Quelques œuvres de John-Antoine Nau

Romans 

Le prêteur d’amour, Fasquelle, 1905 
La Gennia, Messein, 1906
Les galanteries d’Anthime Budin, Albin Michel, 1923
Les trois amours de Benigno Reyes, Crès, 1924

Poésie :

Au seuil de l’espoir, Vanier, 1897
Hiers bleus, Messein, 1904
Poèmes triviaux et mystiques, Messein, 1924 

Contes humoristiques :

Archipel Caraïbe, Excelsior, 1929

Traduction :

Dostoïevski, Journal d’un écrivain, s .n d’édition, 1904
 

tombeau de J-A Nau

Tombe de John Antoine NAU au cimetière de Tréboul