Tu as pris ton sang dans tes bras et tu as pleuré c’était la veille du jour de ton être et devant nous se tenait un miroir vide le sang était bleu comme tes paupières je criais ton nom tu étais là devant moi c’était le matin d'avant notre rencontre il y avait du sang et beaucoup d'eau la mer était puissante le soleil séchait sur les terrasses où tu courais face à la rosée la veille du jour face au vent face au miroir vide face à l'ombre des immeubles face à tout ce qui venait et ne venait pas sans savoir quoi c'était les rues étaient presque désertes il y avait des poubelles parfois dans les champs des objets sales ou bien cassés éparpillés Tu berçais son sang dans tes bras, dans tes doigts pressés, l'enfant pour qu'il renaisse c'était cela la seule chose au monde qu'il te fallait faire
Folies
Je vois le soleil entrer dans ton visages'arrêter au bord de la lèvre inférieure de la bouche c'est un jour de pluie glacée, quand vient l'accalmie le serveur fait briller ses carreaux bizarre temps et toi tu es là à la limite de ne pas être là
Nous buvons nous parlons nous mangeons des cacahouètes c'est un beau jour d'été de pluie glacée le soleil timide se repose sur ta lèvre inférieure
Tu es assis sur un matelas pneumatique avec des vêtements d'enfant tu cries le serveur arrive aussitôt pour te mettre la tétine et plus personne ne fait attention à toi une vague musique continue qu'est-ce que c'était déjà?
C'était un jour d'été glacé et quand les touristes s'enfuient sous la pluie qui bat le pavé tu essaies de ramer comme si le trottoir était l'océan le Grand Pacifique sur ton matelas pneumatique bien sûr c'est un peu difficile et tu n'avances que très lentement
Pierre GODO a écrit Noces pour la main d'un monde, publié en 2005 chez Voix d'Encre. Il écrit régulièrement dans des revues, souvent en collaboration avec des artistes.
Le travail de Pierre Godo est profondément marqué par sa fréquentation de l'Asie qu'il découvre à travers plusieurs chemins. La poésie est pour lui un chant qui naît quelque part entre le corps et l'esprit. Après le chant il y a le silence, et après le silence ?