Le titre de cette pièce nous laisse imaginer une « attente », possiblement passive, de l’amour, alors que paradoxalement nous allons être embarqués avec Anna dans une recherche musclée et de l’amour offensif, dans les méandres fantasques d’un parcours tumultueux. Elisa Ollier (Anna) tient une performance remarquable, seule en scène durant 1h20, elle va faire exister une multitude de personnages, dans une mise scène, signée Samuel Sené ; en trois actes astucieusement orchestrés, puisque chaque changement est accompagné d’une musique qui nous tient en haleine, pendant que nous assistons aux changements de décors et de costumes, Anna nous emmène dans une nouvelle séquence de son parcours, amoureux, familial.
Le récit s’épaissit d’évocations d’épisodes de la psychopathologie familiale ; la jeune Anna porte un prénom qui dans les volutes des dialogues évoqués, apparait comme un clin d’œil au prénom imaginé par Freud pour la publication de la cure de sa première patiente… Un des protagonistes de ce polar théâtral de la folie familiale, porte un nom composé se terminant par « Freud ».
Le jeu de cette comédienne qui s’adresse à chacun d’entre nous porte magnifiquement ce texte, qui du coup, nous permet de rire devant le récit de l’insupportable. Le paroxysme de l’exigence de l’amour qui distribue les rôles, au-delà de la vie et de la mort de chacun des personnages, tous physiquement absents de la scène, mais puissamment présents dans le cauchemar que nous traversons, est atteint dans la tempête ! Les flots des mer(e)s démontées, nous noieraient si le rire ne nous offrait pas une bouée salvatrice.
Vous n’avez que jusqu’au 17 décembre pour vous embarquer avec Anna, pour une visite haletante, des dangers de l’amour et de la vie familiale.
Léa Sand (9/2019)